
Les élèves de 5SC3 vous présentent leurs créations littéraires inspirées par les musiques et bruits du monde. Leurs textes vous emmèneront dans une ville qui ne connaît pas le bruit, dans les paroles d’un célèbre groupe de rap, dans un monde hypnotisé par une chanson à la mode et dans bien d’autres univers auditifs.
Recueil de maux
Dos au mur, elle tapote le sol au rythme de la mélodie bloquée dans sa tête, tête qu’elle ne cesse de tambouriner contre le mur.
Sans même s’en rendre compte, les larmes roulent le long de son visage aussi rapidement que les doigts d’un joueur d’harpe, jusqu’à rejoindre ses mains qui pianotent si fort le sol.
Les yeux fermés, quelques réminiscences qui refont surface, pour les faire taire, elle se frappe la tête encore contre ce même mur, prenant sa tête pour une batte et son mur pour une caisse claire.
Sa langue claque contre son palais pour venir briser le silence à la cadence d’un sonomètre.
Et comme pour cesser d’interroger sa mémoire, elle dort.
Elle dort, la tête qui martèle contre la vitre, sur laquelle les gouttes d’eau coulent droites comme pour imiter les cordes d’une guitare. Les pieds sur le sol, vibrant en une mélodie discrète. Doucement elle chantonne une bribe de musique. Sans même qu’elle le remarque, ses doigts font mine de jouer du piano sur la table, bientôt elle balance sa tête de gauche à droite semblant imiter un instrument à percussion. Le train est arrivé, elle se lève.
Elle se lève, comme chaque matin, la première chose qu’elle fait, c’est se camper devant la fenêtre aux carreaux fins, aussi fins que ses cheveux, pâles et blêmes.
Ses mains amincies contre la baie qu’elle fait valser au rythme des chants des passereaux, son corps élancé se dandine au gré du vent qui souffle sur les feuilles des arbres presque tombées à qui elle a tellement monologué, à qui elle a tellement chanter, tellement confessé que sous le poids de la culpabilité, avant l’automne, elles furent tombées.
Tombée sous le charme d’un air délicat qui se dissipe dans le ciel comme un verre en éclat. Les notes se succèdent et se mêlent pour former un nouvel état.
Se substituent les do les ré les mi les sol et les fa. Couplet fleurissant au creux de l’oreille, vit et se meurt, de plus en plus bas.
Lyre d’un jour, jamais ne se fanera.
Fanera la vie.
Introduira l’ennui.
Suivra la mélancolie.
Laissera place à la nostalgie.
Nul mot pour décrire cette tragédie.
Plus de mélodie, seulement des cris.
Recouvrez la symphonie, atteignez le paradis.
Le paradis est plein de divines harmonies.
Celui qui s’arme de mélodie, jamais de bonheur ne sera dépourvu. Le temps lui sera distendu.
Un voile sur les yeux, je lis les partitions.
Un bâillon sur la bouche, je récite les chansons.
Paumes sur les oreilles, j’écoute le son.
Le son des flots me consolait dans mon berceau.
Le son des oiseaux me semblait si pur dans ce chaos.
Le son de cet harmonica me comblait de joie.
Le son de la pluie adoucissait mes nuits.
Le son du vent me paraissait accueillant.
Le son de la pluie adoucissait mes nuits.
Nuits rythmées par la cacophonie.
Les sons en dysharmonie.
La chute des mots en pluie.
Peau sur peau, couvrir le bruit.
La Froideur de l’infini.
Les pensées en autonomie.
La valse pour seule harmonie.
Le corps en astasie.
Les notes sont en paralysie.
Dépravation des vies.
C’est la folie du déni.
Musique solitaire, le mépris.
Le mépris des sons qui courent, des sons qui couvrent.
J’entends dans tous ces bruits la triste mélodie de ma folie.
Les airs me rendent ivre, ivre de rire, ivre de vie, ivre de cris.
Irremplaçable ma musique, maladie.
Maladie des chants.
Je les entends.
Depuis enfant.
Fissures dans le temps.
Yousra Khazri, 5SC3