
Les élèves de 5SC3 vous présentent leurs créations littéraires inspirées par les musiques et bruits du monde. Leurs textes vous emmèneront dans une ville qui ne connaît pas le bruit, dans les paroles d’un célèbre groupe de rap, dans un monde hypnotisé par une chanson à la mode et dans bien d’autres univers auditifs.
Et si un seul évènement changeait toute une ville…
Le silence absolu. Cette chose que peu de villes ou pays connaissent à part celle de Shut City ! Cette ville où les seuls sons que vous pouvez entendre sont ceux de votre respiration et les battements de votre cœur. Et si vous voulez parler avec une personne, le chuchotement est la seule parole qui est permise.
Arrivés dans cette ville, le premier signe qui vous indique vous êtes à Shut City, c’est un panneau indiquant ce message : « Parquez-vous dans le parking à 30 mètres ». Vous continuerez votre chemin à pied pour éviter tout bruit de moteur. Quand une fête ou un événement a lieu, les participants ainsi que les personnes résidant à proximité doivent porter un casque anti-bruits. Ceux qui n’ont pas les moyens se contenteront de boules quies qui sont moins chères et fonctionnent très bien aussi. Les cours se font en monde « chuchotement ». Si une personne prévoit une activité dite bruyante, organiser un barbecue ou fêter un anniversaire, elle est dans l’obligation d’avertir, au moins ving-quatre heures à l’avance toute personne susceptible d’entendre tout bruit venant de cette activité sous peine d’une amende s’élevant à $2.500. Ah oui, j’oublais ! Les personnes vivant dans cette ville se réveillent grâce au chant du coq qui est réglé comme une horloge et se lève aux alentours de 6h. Si par malchance, vous ne vous réveillez pas, c’est que le coq était soit d’humeur à faire une grasse matinée ou qu’il n’était pas d’humeur ! Et puis même si vous arriviez en retard au travail ou à l’école, tout le personnel ou les élèves étaient aussi en retard… et ne vous en faites pas, cette excuse du réveil qui n’a pas sonné est tout à fait valable ici ! Dernière chose, les accouchements se passent aussi dans la mesure du possible dans le silence. Mais au fait, je ne me suis pas présentée. Moi, c’est Mia, une ado assez calme et réservée, en dernière année de lycée. Et je vivais dans une famille qui respectait toutes les règles de cette ville afin de préserver ce silence absolu. Passons maintenant à la description de ma journée « type ». Je me lève grâce au roucoulement du coq, à 6 heures la plupart du temps. Je me douche en évitant de faire du bruit. Ne vous inquiétez pas, le bruit de l’eau est accepté par Monsieur le Maire, puisqu’il considère que ce bruit est apaisant. Je descends prendre mon petit-déjeuner, part m’habiller et prendre mes affaires pour ensuite me diriger vers l’école. Arrivée dans la cour, je retrouve mon amie Adèle avec qui je papote jusqu’à ce qu’un surveillant nous fasse signe de nous diriger vers notre classe.
Je vivais cette journée sans savoir que c’était la dernière journée où le silence planait. Ce jour était censé être comme les autres jours. Mais un détail allait tout changer aux alentours de 16 heures. Un bruit long et extrêmement bruyant venant du centre de la ville se fit entendre dans toute la ville. Tous les habitants furent tous dehors en même temps. Je n’avais jamais entendu ça de toute ma vie. Ce bruit était si intense ! Évidemment, avant, les habitants s’abstenaient de tous sortir en même temps pour éviter tout vacarme. Nous étions tous sortis munis de nos casques anti-bruit et nous nous dirigions vers le centre de la ville, Calme. Calme comportait un café, une grande place centrale et le bureau du Maire. Arrivé à Calme, on aperçut un assez grand homme, dans la vingtaine, assez beau, on va se l’avouer, et qui avait l’air d’être à la rue, vu l’état de ses vêtements. L’enceinte d’où venait le son était très grande d’où le fait que toute la ville l’avait entendue. On ne pouvait pas savoir de quoi parler la musique à cause des casques. Ce rassemblement qui se fit d’un coup m’a beaucoup déstabilisée. Le maire, qui lui aussi avait été interpelé par cette musique, s’était dirigé vers la place de la ville avec un fusil à la main.
Et il commença à menacer ce jeune homme avec son fusil :
– Éteignez-moi cette foutue musique, cria-t-il.
Le fait que le Maire ait crié choqua tous ceux qui étaient présents.
L’homme s’exécuta et éteignit son enceinte. Monsieur le Maire lui demanda d’une voix tremblante de prendre ses affaires et de quitter immédiatement cette ville. L’homme ne bougea point. Le maire, d’un ton plus sévère, lui redemanda de partir, il n’en avait visiblement pas du tout l’intention. Finalement, le Maire nous demanda de rentrer chez nous. Nous nous dirigions alors tous vers nos maisons mais en me retournant, je remarquai que l’homme avait suivi le Maire dans le bureau du Maire. Etant assez curieuse, je décidai alors d’aller écouter leur discussion dans la discrétion la plus totale. En m’approchant, je vis le Maire en train de crier sur l’homme. Pour comprendre la discussion, je décidai alors de retirer mon casque. J’entendis les paroles suivantes :
– Adam, tu n’as rien à faire là, dit le Maire
– Je n’écouterai aucun des ordres d’une personne qui n’a pas été capable d’élever son propre fils.
J’apprends alors que cet homme s ´appelle Adam et qu’il est le fils du Maire. Je comprends aussi qu’Adam était parti à la recherche de son père, donc du Maire, parce qu’il l’avait abandonné pour venir vivre dans cette ville. Monsieur le Maire était abasourdi face à cette révélation. Adam lui annonça aussi qu’il avait décidé d’habiter dans cette ville et d’y développer ici sa passion de la musique. Le Maire lui répondit que c’était impossible et qu’il n’accepterait jamais que son fils vienne changer le cours de sa vie. Adam s en fichait et lui dit : « Je fais ce qu’il me chante, que cela te plaise ou non ! » Il quitta alors son bureau.
Une semaine après, Monsieur le Maire annonça qu’il allait faire une conférence en extérieur, devant son bureau à Calme, pour y expliquer quelques changements vis-à-vis du règlement de Shut City. Il invitait les habitants à se réunir pour l’écouter ou à suivre la conférence à la télévision. Je décidai d’y aller.
Arrivée à Calme, je vis Monsieur le Maire et à côté de lui, Adam. Voici le discours dont je me souviens :
« Bonjour à tous. Ces derniers temps, beaucoup d’évènements me sont arrivés. Comme vous le savez peut-être, cet homme à côté de moi est mon fils, Adam, que j’ai malheureusement abandonné et je le regrette terriblement. C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé, pour lui et pour ses rêves, de changer une des règles fondamentales de cette ville, celle du silence absolu. Au jour d’aujourd’hui, les casques ne seront plus utiles, vous pourrez parler normalement, vous déplacer en voiture, utiliser un réveil. En bref, le silence absolu est rompu à partir d’aujourd’hui le 14 mars 2029. Encore une chose, tous les samedis à partir de 20 heures, Adam chantera au centre de la ville, vous pouvez venir l’écouter si vous le désirez. »
Tout le monde était bouleversé par ce discours et par tous ces changements qui allaient voir lieu si rapidement, on s’y habituerait. Le silence absolu était rompu à jamais.
Roughou Hakima, 5SC3