Chapitre 10 : Tout est enfin révélé.
L’enquête qui avait été menée ne put avancer correctement puisque Eden était toujours plongée dans le coma… Les ragots et les rumeurs qui circulaient n’avaient pas eu d’impact sur l’enquête puisque qu’il n’y avait aucun témoignage suffisamment crédible. La police dut donc introduire une dérogation auprès du juge afin d’obtenir un mandat qui leur permettrait d’accéder aux caméras de surveillance présentes dans les couloirs du théâtre.
La procédure prit quelques jours, mais la police put enfin récupérer les enregistrements vidéo. Après quelques heures de travail, les officiers du département des assurances découvrirent enfin quelque chose sur lequel ils pourraient travailler.
On voyait sur les images deux jeunes filles en train d’avoir une conversation quelque peu agitée en haut des grands escaliers. L’échange était très rapide mais en une seule fraction de seconde, on y voyait Zoé lever la main vers Eden pour tenter de la gifler.
Celle-ci voulut esquiver le coup de l’autre et fit un pas en arrière étant dos à l’escalier, elle ne se rendit pas compte qu’il était si proche d’elle. Il ne fallut pas plus pour qu’elle perde l’équilibre et pour qu’elle se mette à dévaler les escaliers.
Effrayée, Zoé se mit à courir avant même qu’Eden ne parvienne au bas des escaliers.
La police n’avait pas encore identifié la personne qui était avec elle lors de l’accident mais elle décida d’informer tout de même les proches d’Eden sur les nouvelles informations concernant l’accident. Ceux-ci furent plongés dans un flou total… Qui aurait voulu faire du mal à Eden, pourquoi cette dispute subite ?… Les parents d’Eden voyaient les pires scénarios pour leur petite fille. Peut-être se faisait-elle harceler, peut-être avait-elle eu des problèmes avec une autre fille ou peut-être même qu’elle était elle-même celle qui harcelait… Ils ne savaient plus quoi penser de leur petit bébé qui au final parlait si peu de ses problème avec eux.
Après la découverte des enregistrements, il ne fallut pas beaucoup de temps aux enquêteurs pour identifier la deuxième fille. Elle fut facilement reconnaissable par ses enseignants, qui sans aucune hésitation citèrent le prénom de Zoé. Personne ne s’attendait à cela mais la jeune fille avoua immédiatement toute l’histoire. Elle était tellement effrayée à l’idée d’avoir provoqué l’accident qu’elle s’était enfermée dans une espèce de bulle où elle n’osait adresser la parole à personne…
Mais une fois que les inspecteurs allèrent chez elle, elle déballa toute l’histoire comme soulagée de ne plus porter ce lourd secret qui l’effrayait tant.
Elle s’était disputée avec Eden, car toutes les deux étaient amoureuses du même garçon. Complètement jalouse d’Eden, Zoé se rendit chez elle afin de lui faire comprendre qu’elle devait arrêter de fréquenter Thomas. Eden commençait sérieusement à en avoir marre des caprices de cette Zoé qui l’intimidait et la rabaissait depuis leur rencontre. Ce fut le moment de trop, la parole de trop. Comment Zoé pouvait-elle avoir l’audace d’ordonner quelque chose à Eden? Après toutes les méchancetés que Zoé lui infligea, elle perdit patience et explosa.
« Tu n’es qu’une pouffiasse sans cervelle… Fille à papa, tu as toujours eu ce que tu voulais sur un plateau d’argent, tu avais les plus beaux vêtements, les plus belles chaussures et le plus beau maquillage mais malgré ça, personne ne t’a jamais aimée comme Thomas m’aime!! Tu as beau être belle de l’extérieur et te cacher sous des airs supérieurs ou te donner l’impression de l’être en rabaissant les autres mais au final tout le monde sait qu’à l’intérieur tu es vide… vide et laide !»
C’était la première fois qu’elle sortait autant de méchancetés et elle était surprise d’avoir dit tout haut ce qu’elle pensait tous bas… Zoé choquée des propos qu’elle venait d’entendre, tenta de répliquer mais n’ayant aucune repartie suffisamment convenable, elle fit ce que beaucoup font dans ce cas, elle tenta de gifler Eden…
Lorsque la nouvelle se répandit, tout le monde était sous le choc. Cela paraissait surréaliste aux yeux des enseignants mais aussi aux yeux des autres élèves qu’une petite querelle amoureuse ait pu devenir un accident aussi grave.
Cela faisait presque six mois qu’Eden avait été plongée dans le coma. Dorénavant, seuls sa famille et Thomas venaient encore la voir régulièrement. Ses parents avaient repris le travail. En s’organisant, ils arrivaient à la voir une fois tous les jours. Zoé avait quant à elle changé d’école, après diverses enquêtes les inspecteurs conclurent qu’elle n’avait pas touché Eden lors de sa chute, cela était donc considéré comme un accident et la seule sentence était son renvoi de l’école pour harcèlement.
Les proches d’Eden commençaient sérieusement à perdre espoir pour ce qui était de la voir sortir du coma…
Un jour, comme à son habitude, sa mère, qui sortait de son travail, était en chemin pour aller la voir. Son père restait plus tard le soir puisqu’il allait la voir les matins. Son frère était à la cafeteria de l’hôpital, lui qui détestait le café, se forçait à en boire pour veiller auprès de sa sœur. Seul Thomas était présent ce jour-là dans la chambre d’Eden, il était comme à son habitude en train de lui raconter sa vie lorsque d’un seul coup, il vit l’index droit d’Eden bouger…
Il stoppa net son monologue et se rapprocha d’elle.
Il répétait comme un jeune chat apeuré le prénom de la jeune fille en espérant avoir une réponse. En se rapprochant de son visage, il vit un léger mouvement dans ses yeux…
Il continua à répéter son prénom encore et encore jusqu’à ce que la jeune fille ouvre enfin les yeux… Il lui fit le plus beau des sourires mais elle ne réagit pas de la manière espérée.
L’air un peu perdu, elle dévisagea le jeune garçon et ses premières paroles furent :
« Vous êtes qui ?»
Thomas vit tous ses espoirs s’effondrer en une seule phrase. Lui, qui chaque jour durant depuis plus de six mois maintenant, veillait auprès d’une personne qu’il aimait plus que tout. Lui qui se sentait responsable de cet accident et qui voulait juste avoir l’occasion de lui demander pardon. Lui qui avait comme seul espoir de revoir sa belle amie, lui venait en un instant de tout perdre…
Eden n’avait à son réveil aucun souvenir de qui se tenait béat devant elle. Ne voulant pas la perturber, il ravala sa salive et répondit à Eden en montrant le moins possible ses émotions.
«Thomas… nous sommes… nous sommes simplement amis… Je vais appeler les infirmières pour leur dire que tu es réveillée.»
Sans attendre de réponse d’Eden, il se leva et sortit de la chambre. Après cela, tout s’enchaîna très vite pour Eden, ses parents et son frère débarquèrent très rapidement. Et le médecin qui s’occupait d’Eden lui fit une série de petits tests neurologiques qui devaient quantifier le taux d’amnésie chez le patient. Selon les tests effectués, Eden n’aurait plus aucun souvenir de ses trois dernières années. Les choses les plus anciennes telles que son prénom ou sa famille étaient restés ancrées dans sa mémoire. Mais quasiment tout ce qui touchait à ses années de secondaire était oublié.
Thomas avait fait promettre à ses amis qu’ils ne devaient absolument rien dire à Eden sur ce qui s’était passé entre eux pour ne pas l’apeurer. Ne pas apeurer Eden… Ou plutôt ne pas apeurer Thomas qui craignait de se retrouver face au jugement de cette nouvelle Eden. Beaucoup trop fier, il ne fit pas part aux autres de ce sentiment qui commençait à l’animer.
Forcé de ne rien dire, son entourage fit mine de rien face à Eden même si beaucoup n’étaient pas d’accord qu’on lui cache une partie de sa vie. Il était vrai que cela revenait à Thomas de choisir ou non qu’on révèle une partie révolue de sa propre vie.
Ainsi tous ensemble ils tentèrent d’aider la jeune fille à repartir de zéro.
**Lettre d’aveu**
Cher Eden, cela fait bien des années maintenant que nos routes se sont séparées depuis que tu t’es réveillée pour être plus précis. Je ne savais pas si je devais t’écrire cette lettre ou pas, mais si tu la lis, c’est que tu es arrivée au bout de l’histoire, au bout de ta propre histoire.
Quand tu t’es réveillée, j’ai été en une seule seconde le plus heureux et le plus triste. Tu as été pour moi la plus belle chose qui ait pu m’arriver et je tenais… non je tiens encore à toi comme au premier jour. Quand j’ai compris que tu n’avais plus aucun souvenir de nous deux, je suis devenu fou!
Au départ j’ai cherché comment te raconter qui j’étais pour toi. Mais en réalité je ne savais pas comment te le dire puisque je ne ne savais comment tu me voyais avant l’accident.
J’ai donc cherché encore et encore le moyen de te rendre service du mieux que je pouvais sans te brusquer. Et j’ai trouvé! J’ai tout mis en œuvre pour que pendant un an durant je puisse récolter un maximum d’informations auprès des personnes que tu fréquentais, nos meilleurs amis, tes amis, ta famille… Pour pouvoir retranscrire le mieux possible toutes ces années que tu as oubliées après ton réveil. Si j’ai écrit cette histoire en m’incluant dedans, c’était pour que tu ne penses pas que c’était moi qui l’avait écrite mais une personne externe car je ne voulais en aucun cas que tu penses que tes souvenir avaient été modifiés par ma personne.
Merci de m’avoir permis de vivre ces magnifiques moments auprès de toi. Tu as été durant ces années mon petit bout de paradis, mon jardin d’Eden à moi.
En espérant que ce petit récit t’a aidée à te remémorer quelques petits souvenirs.
Amoureusement, ton simple ami Thomas.