Jardin d’Eden – Chapitre 9

Chapitre 9 : Bilan médical.

« Madame, messieurs je tiens à vous présenter mes sincères excuses, votre fille a subi un violent choc à la tête lors de son accident. Heureusement pour elle nous n’avons constaté aucune lésion ou fracture de la boite crânienne lors des différents scanners effectués. Malheureusement je suis dans le regret de vous dire que le facteur neurologique premier qui est le traumatisme crânien a créé chez votre fille un coma léger. Cela signifie qu’elle ne pourra répondre aux stimulations extérieures, par contre aucun trouble neurovégétatif n’a été découvert. En d’autres termes, elle sera ’endormie’ pour une durée indéterminée. Je tiens également à vous prévenir d’une chose, la majorité des patients qui ont été plongés dans un coma léger se réveillent avec quelques troubles allant des simples difficultés de langage à des troubles de la mémoire plus importants. On parlerait alors d’amnésie post-traumatique liée au choc de l’accident. Cela voudrait dire que votre enfant pourrait ne plus se rappeler qui elle était ou même qui vous êtes..»

Les parents d’Eden écoutaient dans le plus grand des silences les paroles du médecin en essayant de garder en face de lui un minimum de dignité. Mais au moment où il leur évoqua le fait qu’Eden était susceptible de perdre la mémoire et d’oublier qui étaient ses propres parents, sa mère ne put cacher ses émotions plus longtemps et sans la moindre parole, elle fondit en larmes dans les bras de son mari qui tenait bon pour ne pas craquer à son tour.

Le médecin tenta en vint de consoler la petite famille avant de retourner au travail… En les quittant, il les informa qu’Eden avait droit à de la visite mais à condition de ne pas dépasser les trois personnes à la fois par visite. Car trop d’agitation pourrait être néfaste pour la petite.  Les parents eurent à peine le temps de le remercier qu’il était déjà reparti vers d’autres patients.

Apres le départ du médecin, ils allèrent instinctivement vers la chambre de leur fille. Mattheus, leur fils, se chargea quant à lui d’aller prévenir le reste du groupe de ce que le médecin venait de leur dire.

Il régnait un calme pesant dans cette chambre d’hôpital. Seul le bruit de l’électrocardiographe arrivait à briser le silence pensant.

Le père et la mère s’étaient installés de part et d’autre du lit de la jeune fille, lui tenant la main chacun à sa manière.

La mère, triste et apeurée la tenait avec tendresse et la serrait contre son corps comme pour la réchauffer. Le père, fier et renfermé, attendant d’être seul pour pleurer, tenait la main de sa fille avec fermeté comme pour ne pas qu’elle tombe. Quand à son frère, dès qu’il entra dans la chambre, il resta figé, comme paralysé devant le corps inanimé de sa petite sœur. Il mit un peu de temps avant de reprendre ses esprits et d’aller vers elle.

Les mains tremblantes, il s’approcha de son visage et lui déposa un baiser sur son front. C’était la première fois depuis un bon moment qu’ils étaient aussi proches l’un de l’autre.

L’heure des visites était déjà finie, une infirmière renvoya toutes les personnes présentes dans le couloir, malgré le fait qu’aucun d’entre eux n’avait eu l’occasion de voir Eden… Les parents d’Eden ainsi que son frère furent également chassés du service. Mais Mattheus fit des pieds et des mains pour pouvoir rester avec sa petite sœur.

Après un petit débat qui faillit monter dans les tons, l’infirmière céda sous conditions. Le jeune homme n’avait pas le droit de sortir de la chambre et il devait se faire le plus discret possible afin de ne pas déranger les autres patients. Ces conditions étaient dérisoires pour Mattheus qui tenait plus que tout à veiller sur sa petite sœur.

Une fois seul avec elle, Mattheus lui prit la main et s’assit à coté d’elle. Lui qui n’avait pas pleuré devant sa mère se lâcha enfin au chevet de sa sœur.

Ces larmes étaient accompagnées de quelques mots qu’il lui  adressait difficilement entre deux gloussements dans l’espoir qu’elle puisse l’entendre.

« Ed, je sais pas si tu m’entends… Le médecin à parlé d’un truc comme quoi certaines personnes qui étaient dans le coma entendaient les bruits de l’extérieur, en vrai je l’ai pas trop écouté … E..Ed,  je.. suis désolé… J’aurai dû être là pour toi, j’ai pas su te protéger ! Je… je m’en veux tellement… Tu te rappelles quand on était plus petits ? (Ses larmes commençaient à se calmer). Tu me couvrais toujours quand on faisait des conneries. Tu savais que le vieux allait rien te dire… t’étais sa préférée. (Il sourit avec un air triste). Tu n’imagines même pas tout ce que je donnerais pour revenir à cette époque-là, on était comme chien et chat tous les deux…»

Il avait poursuivi son monologue pendant un petit moment avant de s’endormir sagement sur le petit fauteuil sa main tenant toujours fermement celle d’Eden.

Les jours passaient, les parents d’Eden avaient tous les deux pris des congés pour pouvoir rester au chevet de leur fille.

Thomas quant à lui faisait tout pour passer le plus de temps possible avec Eden, il venait le matin avant que les cours ne commencent et il revenait le soir après l’école jusqu’à ce que l’infirmière l’éjecte à nouveau. Et cela chaque jour sans exception. Le matin il restait là, à la regarder dormir en prenant son petit déjeuner et le soir il faisait ses devoirs en lui racontant toutes les petites anecdotes de l’école à son chevet. Parmi ces petites potins que Thomas avait entendus, l’un d’eux n’arrêtait pas de lui trotter dans la tête… C’était à propos d’une personne qui avait entendu dire d’une autre personne qui le disait à une tierce personne que l’accident avait été provoqué. D’après ce que Thomas avait entendu, quelqu’un en voulait à la jeune fille… Ne sachant pas si ces rumeurs étaient véridiques, Thomas  préféra garder cela pour lui  pour ne pas inquiéter inutilement les parents de la jeune fille qui, il le savait, risquaient de réagir au quart de tour si cette histoire leur arrivait aux oreilles.

A part les visites quotidiennes de la famille d’Eden ainsi que celles de Thomas, seuls Louis et Louise prenaient encore la peine de venir voir Eden quand ils le pouvaient.

Pendant les deux semaines qui suivirent l’accident, les rumeurs que Thomas avait entendues commencèrent à prendre de plus en plus d’ampleur à l’école. Des bruits couraient à propos d’un garçon qui avait vu une fille partir en courant le jour de l’accident. Certaines personnes parlaient d’un accident, d’autres d’une tentative de meurtre… N’étant fondées sur aucune preuve et prenant très vite des proportions énormes, ces rumeurs sont très vite devenues des histoires qui créaient des tensions entre les élèves, qui commençaient à se suspecter mutuellement. Les tensions devenaient telles que le directeur dut suspendre les cours dans l’espoir de limiter tout débordement… Grâce à cela, les choses commençaient un peu à se calmer et tout était presque redevenu normal avant que la police des assurances ne réapparaisse à l’hôpital…

 

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